Nantes, supporters en colère

Jean-Luc Gripond, le responsable des maux du FCNA pour la Brigade Loire. On pensait que l'OM ou le PSG étaient les seuls clubs à traverser des crises internes ou à être remués de l'intérieur, on se trompait. A Nantes, la colère des supporters grandit de jour en jour et, avec l'officialisation de la relégation du club en L2, certaines associations montent au créneau. A commencer par la Brigade Loire, qui organise samedi une marche dans les rues de Nantes avant de se rendre à La Beaujoire pour le dernier rendez-vous de la saison à domicile, contre Toulouse. Mathieu, l'un des responsable du groupe, a accepté de faire, pour Football.fr, l'état des lieux d'un club pas comme les autres...

"Cela fait cinq saisons qu'on accumule les mises en garde pour prévenir que le club va mal..." Ce constat amer, Mathieu ne peut s'empêcher de le ressasser, lui qui est arrivé à la Brigade-Loire en 2001 pour en devenir aujourd'hui l'un des leaders. 2001, une année faste pour les Canaris qui se préparaient à jouer la Ligue des Champions après le titre national, et qui correspond également à l'arrivée de la Socpresse, Dassault, Gripond puis Roussillon, tout ce qui déplaît aujour'hui à la Brigade Loire... "Je ferai de Nantes le Manchester United français", avait clamé Jean-Luc Gripond à son arrivée au club rappelle Mathieu. Depuis, force est de constater que l'échec est cuisant.

"Ils ont mis la formation de côté"

"Dans la gestion du club au quotidien, depuis 2001, les choses vont mal. C'est un enchaînement d'erreurs. Mais, au départ, on ne s'est rendu compte de rien. Avec Gripond, on est passé à un système de communication à outrance au détriment du sportif. Ils ont mis la formation de côté, se disant que ça ne marchait pas bien et que ça coûtait cher. En fait, ils ont voulu appliquer les méthodes des autres clubs du championnat, mais Nantes est un club à part. Gripond et les autres (Socpresse, Dassault) ont fait une croix sur les valeurs du FCNA en arrivant...". Amer, Mathieu ne décolère pas. "En cinq ans, on a connu 5 entraîneurs, presque autant que depuis la naissance du FCNA... Quand Gripond est arrivé, il a fait enlever les portraits des anciens dirigeants à La Beaujoire et certains trophées ont disparu des vitrines. On ne sait même pas où ils sont..."

Visiblement, la Brigade Loire et d'autres associations de supporters ont décidé de parler et de mettre à jour toutes les erreurs réalisées par les différents dirigeants propulsés à la tête du club depuis six ans. Outre Gripond, Roussillon récolte également son lot de critiques, lui qui est arrivé à la tête du club en juin 2005. "Roussillon, le FCNA, c'est son jouet. En début de saison, il a invité tous les abonnés pour une présentation des joueurs à l'américaine. Musique à fond, tapis rouge et chaque joueurs qui entre sur la pelouse comme une star... C'est loin, très loin des valeurs de Nantes ça." Mathieu va même plus loin en certifiant: "Il y a quelques temps, nous avons eu une discussion avec Gripond et il nous avoué qu'il n'aimait pas trop le football et qu'il n'y connaissait pas grand-chose. La femme de Roussillon nous a même dit un jour, en pleurs, lorsque qu'on réclamait le départ de son mari, qu'il ne pouvait pas partir sinon il ne toucherait pas les indemnités de chômage...".

"Faire un constat d'échec"

Et le constat ne s'arrête pas là. "Aujourd'hui, nous réclamons le départ des dirigeants en place, et un changement d'actionnaire. Ou au moins un revirement total dans l'approche qu'a notre actionnaire principal sur le club. Il faut faire revenir à Nantes des hommes qui connaissent le bon mode de fonctionnement. Apparemment, Denoueix serait prêt à revenir mais pas dans ces conditions. D'autre part, nous souhaitons que les responsables de la descente aux enfers du club fassent le nécessaire, au moins la saison prochaine, pour conserver les 10 ou 15 salariès du club qui devraient être licenciés. C'est la moindre des choses... Enfin, nous voulons qu'ils fassent un constat d'échec et offrent une prolongation de contrat à Nicolas Savinaud et Frédéric Da Rocha, deux des symboles du FCNA qui nous seront sans doute précieux l'an prochain en L2."

A propos du cas Barthez, Mathieu a des idées bien arrêtées sur la question: "Il vient en décembre, à la demande de Roussillon, qui rêvait de faire signer un champion du monde. L'entraîneur (Georges Eo) ne l'avait pas demandé... Il débarque donc avec les pleins pouvoirs pour un coup médiatique. Alors, oui, ça a été un grand gardien, c'est certain, mais avec tous ses passe-droits, il a mis la zizanie dans le vestiaire. Il est venu avec son propre nutritionniste, il avait le droit de fumer à la sortie des vestiaires, voire même à l'intérieur et il s'entraînait quand il voulait. En voyant cette impunité, d'autres joueurs ont commencé à faire pareil... A Sedan, il est en partie responsable de la défaite et il s'en va en cours de match pour aller chez lui, pendant que ses copains étaient encore sur le terrain. Au final ? Aucune sanction. Il a fait tout ce qu'il voulait et c'est totalement contraire aux valeurs défendues par le FCNA."

"Barthez ne voulait pas ça"

Et lorsque l'on aborde le sujet de l'altercation avec des supporters après Nantes-Rennes (0-2), Mathieu prend la défense de l'ancien Marseillais: "Je ne pense pas que Barthez voulait ça. C'est Roussillon ou Gripond qui lui ont demandé de monter cette affaire en épingle pour créer une porte de sortie. La preuve, entre la police et les témoins présents, il n'y a eu aucune plainte de déposée... Là encore, c'est l'illustration de la politique de Roussillon. Barthez a eu un rôle à part mais il a également payé pour des choses dont il n'était pas responsable..."

Concernant le futur proche du FC Nantes-Atlantique, le responsable de la Brigade-Loire ne cache pas son inquiétude: "On espère la remontée, mais pour être honnête, si les choses restent en l'état, ce sera dur. On sait que Gripond n'est pas certain de rester dans l'entourage du club, mais concernant Dassault et Roussillon, ils seront sans doute là l'an prochain. Si on ne remonte pas en 2008, l'année suivante, ce sera encore plus dur..."